Texte adapté de la présentation écrite pour la diffusion du premier épisode sur frenchweb.fr le 15/05/2018.
De plus en plus d’observateurs mettent en garde contre la fable de la Startup Nation et la crise d’identité de l’initiative French Tech suite, notamment, aux difficultés de quelques entreprises emblématiques de la scène technologique hexagonale. D’un autre côté, de nombreux acteurs surfent sur les modes du moment pour vendre des programmes d’accompagnement aux entrepreneurs débutants, on encourage tout le monde à monter sa boîte, à avoir un impact positif sur la société et à prendre son destin en main. Tout cela va à mon avis dans le bon sens mais est malheureusement nimbé d’un vocabulaire quasi mystique qui creuse une fracture numérique de plus en plus inquiétante.
Fracture de génération, fracture sociale mais aussi fracture territoriale. J’ai pu entendre il y a quelques années des groupes de professionnels du numérique parisiens s’étonner que les “provinciaux” soient au courant qu’un smartphone peut faire autre chose que téléphoner et envoyer des SMS. Depuis, on ne compte plus les conférences, articles de blog ou les podcasts de gens inspirants, “passionnés par la passion”, qui donnent la parole à des “passionnés au parcours passionnant”. Un parcours très souvent parisien, lancé par une grand école de commerce et un réseau.
Une enseignante à la fac d’économie de Rennes me disait récemment que dès la première année de Licence, les étudiants ne veulent plus entendre parler que de startup et le simple fait de prononcer le mot remplit leurs yeux d’étoiles. Et même si Mounir Mahjoubi, Secrétaire d’État au Numérique, a récemment twitté un inspirant “De n’importe où on peut s’élancer vers le ciel” lors d’un déplacement dans le Cher, on entend peu les histoires des entrepreneurs en région. Moins intéressantes et “inspirantes” que les success stories parisiennes ? Je pense le contraire. Il serait à mon avis temps de remettre un peu de sens et de réalité dans tout ça. Faire atterrir les fausses fusées et dompter les licornes boiteuses.
Du côté des technologies, une bonne partie du bruit médiatique autour de la Startup Nation concerne des sociétés qui ne font que transposer sur format numérique des services qui marchent sans numérique ou d’autres qui trouvent une nouvelle niche pour se lancer dans le e-commerce. Vendre du fromage en ligne ou vendre des pots pour bébé en ligne ce n’est pas “disrupter l’industrie laitière grâce à la cheese tech” ou “ré-inventer l’alimentation des nourrissons”, c’est de la vente par correspondance.
Ce que je vous propose à travers ces 8 épisodes, c’est de raconter des histoires, en mettant les choses en perspectives et en les expliquant. Ce sont des histoires de vrais gens, en Bretagne, que vous allez entendre. Des entrepreneurs et entrepreneuses bretons qui travaillent sur des innovations technologiques avec des enjeux plus forts que de la vente par correspondance ou du service aux startups. Ils nous expliqueront les technologies sur lesquelles ils travaillent, nous parleront de leurs réussites, de leur vie au jour le jour et de leurs échecs.
La série se veut très grand public, je vous invite à la partager autour de vous à des gens qui ne baignent pas dans le milieu tech.
Le premier épisode est justement une introduction à ce concept de Disruption Protestante que je vous invite à explorer avec moi chaque mardi au cours des deux prochains mois. Certains dans le milieu startup ont été interloqués par ce terme de “Protestante”. Il n’a rien de réactionnaire et d’anti innovation numérique. Au contraire, je voudrais faire sortir du bruit médiatique de la “transformation digitale” des projets qui apportent quelque chose de réellement nouveau. À vous de découvrir la signification du nom de la série en écoutant ce premier épisode… et les suivants !
Bonne écoute !
Les notes de l’épisode avec des liens pour aller plus loin sont à retrouver sur disruption-protestante.fr
Vous pouvez suivre l’actualité de la série sur twitter : @disruptionpr